Carnaval de Dunkerque - 2/3 Les temps forts du carnaval

Dans notre premier article consacré au Carnaval de Dunkerque, nous vous avons expliqué un peu l'histoire et l'esprit du carnaval. J'espère que celui-ci vous a plus! Maintenant que vous en savez un peu plus sur le sujet, passons aux choses sérieuses! Il est temps de vous présenter les différents temps forts du carnaval, afin que vous soyez prêts à venir faire la fête avec nous!

Nous vous avons déjà parlé un peu des "bandes" et des "bals". Je vais maintenant vous expliquer comment se déroule la bande; et ensuite tout ce qui se passe avant, pendant et après!

Comment se déroule

une bande de carnaval?


Photos 1 et 2: Marie-Lan nguyen CC-BY 2.5 - Photo 3: Pichasso CC-BY-SA 3.0


Le départ de la bande:


Ça y est, on est prêt! Tout costumé et tout maquillé (à ce sujet, ne manquez surtout pas notre prochain article qui sera consacré aux déguisements), tout beau pour aller "bander"! A présent, il s'agit donc de ne surtout pas manquer le départ de la bande, un grand moment!

Le départ de la bande a toujours lieu à 15h précises, généralement sur une des places de la commune bien connue de tous. L'itinéraire de la bande est déterminé à l'avance. Dans les communes assez "grandes", comme Dunkerque, Malo ou Rosendaël, l'itinéraire peut en effet varier d'une année à l'autre. On retrouve généralement toutes les infos qu'il faut dans la presse locale (ou bien sur Internet, sur le site masquelour.com par exemple, ils sont bien renseignés ces ptits malins! - ou encore la page Facebook dédiée au carnaval de Dunkerque)

Vous n'avez pas eu le temps de consulter la presse et êtes un peu perdus? Pas de panique! Dans les rues, des dizaines de carnavaleux sont déjà là! Il suffit donc de suivre le mouvement! Ou de vous adresser à l'un d'entre eux pour poser la question ;)

Ça y est, vous avez trouvé le lieu du départ, ouf! A présent observez bien ce qu'il se passe: au fil des minutes, les carnavaleux viennent grossir les rangs de la foule. Quelques minutes avant 15h, le Tambour major (celui-là vous ne pouvez pas le louper: il est magnifique dans son costume de soldat de l'empire) et les musiciens vont se mettre en place: le Tambour major est devant, face aux musiciens, qui quant à eux se mettent en rang. Derrière les musiciens, à distance respectable car les musiciens, on en prend soin, la "première ligne" se forme.

La "première ligne", ce sont ces grands gaillards qui, en se tenant bien, bras dessus bras dessous, vont contenir les chahuts. C'est une place de choix! Un honneur! La première ligne se mérite, il faut être un carnavaleux expérimenté pour pouvoir y figurer, et remonter les lignes patiemment d'année en année, jusqu'à ce que les anciens reconnaissent votre mérite et vous accordent une place à leurs côtés.
Et croyez moi, ce n'est pas un endroit pour les gamins, hein! C'est physique! Mais tellement bon!

Voilà, les premières lignes sont en place, les pépins se balancent au dessus de leurs têtes, ça chahute un peu, ça chante, ça s'impatiente... 15h pile, un geste du Tambour major et c'est parti!! Les musiciens commencent à jouer, et on commence par quoi? Un bon petit chahut pour se mettre en jambes, pardi!!

Crédits photos: Marco Photos

Les chahuts:


Alors quand on fait la bande, le principe c'est qu'on défile dans les rues de la ville en suivant les musiciens, tout en chantant. Certes. Cela dit, si on se contentait de ça, ce serait un peu tristoune, non? Alors pour pimenter un peu la chose, on fait des chahuts! (aussi appelés: "tiens-bon-d'sus").

Ecoutez bien la musique: les musiciens ont arrêté de marcher, et lancent un air bien plus rapide: c'est le moment! Autour de vous, les carnavaleux se précipitent en avant, les lignes s'accumulent et se pressent les unes sur les autres. Devant, la première ligne bloque et retient le chahut. Derrière, on pousse! Et on "saque n'dans" s'il vous plaît! (on y va de bon cœur, quoi!). Dans cette foule compacte et sautillante, on ne forme plus qu'un seul homme!

J'espère que vous avez pris soin de bien attacher vos chaussures, et que votre chapeau est bien accroché à votre tête, car dans le chahut, on ne maîtrise plus rien! et c'est ça, qui est bon! Vos pieds ne touchent plus terre? C'est normal, c'est l'effet de la poussée!

Vous ne comprenez pas ce qu'on peut trouver de bon à se retrouver serrés comme des sardines, entourés de parfaits inconnus, à se faire broyer les vertèbres et cabosser pieds et tibias?
Ne faites pas la poule mouillée, et jetez vous dedans, vous verrez par vous même! Pour comprendre, il faut le vivre! C'est indescriptible de communion et de chaleur.

Et puis rassurez-vous, les incidents sont vraiment très rares. L'un perd l'équilibre et tombe? On le relève et autour on s'écarte pour ne pas lui marcher dessus. Un autre se sent mal et veut quitter le chahut? Même au beau milieu du chahut, on vous fera un passage pour sortir, il suffit de demander.

Malgré tout, ça ne vous dit pas trop de participer au chahut? Aucun problème, ce n'est pas une obligation! Il suffit juste de prendre quelques précautions pour ne pas se voir embarquer dans le mouvement de foule. En restant sur le côté du cortège par exemple, ainsi dès que vous entendrez la musique accélérer, vous pourrez dégager le passage. Ou en restant à l'arrière du cortège.

Le jet de harengs:


Un rendez-vous incontournable! Aux alentours de 17h, la bande se retrouve devant l'hôtel de ville et accueille M. le Maire par des sifflets: elle vient lui réclamer son dû! Bah oui, déjà 2h qu'on défile et qu'on chahute, maintenant on a faim: on veut des bons z'harengs!

Du balcon de l'hôtel de ville, M. le Maire va donc jeter des dizaines de "klippers" (jusqu'à 450 kilos lors de la bande de Dunkerque! - sous vide ou emballés de cellophane bien sur, on n'est pas des sauvages!) à la foule en délire. Cette coutume n'est évidemment pas sans rappeler les origines mêmes du carnaval: la pêche en Islande.

Attraper un hareng n'est pas une mince affaire, il faut batailler dur et jouer des coudes! Pour le carnavaleux, son hareng est donc un véritable trophée qu'il va pouvoir brandir avec fierté! Certains le dégusteront avec appétit, d'autres se contenteront de dégoûter les passants en leur fourrant sous le nez.


Photo 1: jet de harengs au pied de l'hôtel de ville de Dunkerque: Marie-Lan Nguyen CC-BY 2.5
Photos 2 et 3: jet de harengs de Houtkerque 2014 Oups... I did it myself! 
Photos 4 et 5: jet de harengs de Ghyvelde 2015: Marco Photos

Le rigodon final:


Après avoir bandé toute la journée, on termine en apothéose! Rendez-vous sur la place principale aux alentours de 19h pour un chahut ininterrompu d'une bonne heure!

Le Tambour major et ses musiciens prennent place sur le kiosque placé au centre de la place, tandis que les carnavaleux se mettent en ligne (plus ou moins... à s't'heure on voit plus très clair...) et tournent autour du kiosque, chantant et chahutant. C'est la dernière ligne droite, le dernier moment ensemble (jusqu'à la prochaine bande, du moins), alors l'émotion est intense.

Lors du rigodon de Dunkerque, celui où l'on se retrouve le plus nombreux, il n'est pas rare d'observer une nappe de vapeur se dégager, sous l'effet de la chaleur dégagée par le chahut.

L'émotion atteint son apogée lors de "l'hymne à Cô pinard", repris en cœur par les carnavaleux en hommage au célèbre Tambour major qui a mené la bande de Dunkerque pendant plus de vingt ans.

Puis c'est avec des larmes dans la voix et le cœur serré que les carnavaleux terminent, à genoux et se tenant les mains, par l'incontournable "cantate à Jean Bart". Jean Bart, notre héros, le corsaire du roi Louis XIV, qui sauva la France de la famine, rien de moins! Il méritait donc bien que les "enfants d'Jean Bart" lui rendent un vibrant hommage chaque année au carnaval!

Photo du rigodon de Dunkerque: Marie-Lan Nguyen CC-BY 2.5

Avant, pendant et après la bande:


Les "figuemen":


Figures incontournables de la bande, les figuemen sont des personnages si bien déguisés qu'ils sont méconnaissables! Agissant seuls, en duo ou en tout petit groupe, ils restent en marge de la bande, leur plus grand plaisir étant d'embêter les touristes!

Armés de leur canne à pêche, pour sur ils vous surprendront de dos, agitant devant votre visage un vieux poisson, un fromage pourri, ou une vieille chaussette odorante. Prêts à tout pour vous désarçonner, ils iront jusqu'à masquer leur voix pour vous raconter des carabistouilles et autres anecdotes sensées vous donner des indices sur leur identité...

Quoi de mieux pour finir une longue carrière de carnavaleux, lorsqu'on n'a plus la forme suffisante pour tenir la bande? Mais certains le font aussi pour leur pur plaisir!

Les "zôt'ches":


Un "zôt'che" ou tout simplement "zô", est un petit baiser qu'on se donne sur les lèvres. C'est notre façon de se dire bonjour! Quand je vous dis que le carnaval, c'est avant tout de l'amour ;) 

Entre filles, entre garçons, entre filles et garçons, entre inconnus ou entre amis: tous les zôt'ches sont permis!

Par ici, cela ne choque personne, c'est la coutume. Cela dit, si une telle pratique vous répugne, comme toujours il n'y a pas d'obligation, il suffit de tendre la joue!

Les chapelles:


Besoin d'une petite pause? Pour tenir et faire la bande jusqu'au soir, il faut aussi penser à se ravitailler! Avant, pendant ou après la bande, c'est ici qu'interviennent les fameuses "chapelles".

Elles ont généralement lieu chez les particuliers, qui par amour des autres et du carnaval, ouvrent leur porte pour offrir un coup à boire ou un morceau à manger. Musique et bonne humeur garanties!! Même si on ne connait personne sur place, on discute, on chante, on rit, et tout va bien!

Certaines chapelles deviennent même d'année en année de véritables lieux de rendez-vous incontournables. Leurs organisateurs prennent la chose au sérieux et déploient des trésors d'organisation pour contenter leur monde! Chapiteau planté dans le jardin, sono, et punch bien frais!

En principe, pas besoin d'être invité: qui passe dans la rue et remarque la chapelle est le bienvenu!  Le bouche à oreille fonctionne très bien également. Mais il faut dire que cette tradition se perd un peu au profit de "chapelles privées".

Parfois M. le Maire en personne organise sa chapelle. Même les pompiers s'y mettent! C'est ainsi que la chapelle des pompiers de Dunkerque, organisée au sein même de la caserne, est devenue un passage incontournable avant la bande! Malheureusement, cette année ces dernières n'auront pas lieu, en raison de l'état d'urgence. On espère les retrouver dès l'année prochaine!

Sur votre chemin, vous ne manquerez pas également de trouver nombre de cafés et buvettes où vous pourrez vous sustenter dans une ambiance chaleureuse.

Les bals:


Contrairement aux bandes qui ont lieu l'après-midi dans la rue, les bals de carnaval ont lieu le soir (vendredis, samedis ou dimanches), et en salle.

Ils sont organisés par les associations philanthropiques carnavalesques: eh oui, on est comme ça par chez nous: généreux! Les carnavaleux constitués en asso nous organisent ainsi de belles fêtes, avec orchestre, sono et compagnie, pour danser toute la nuit!

Des bals, comme les bandes, il en existe de toutes les tailles: du bal de village à la grosse organisation rassemblant parfois plus de 10 000 personnes! Pour le choix, eh bien, tout est question de goût! Mais quel que soit l'endroit, l'ambiance est toujours au rendez-vous.

Il y a cependant quelques incontournables, que je me dois évidemment de vous citer: à commencer par le fameux "bal du Chat Noir", organisé par les Quat'Z'arts. Il marque l'ouverture de la saison carnavalesque au Kursaal de Dunkerque (le palais des congrès, quoi: la plus grande salle de la ville). Vous imaginez? Le 1er "gros" bal de la saison: les carnavaleux sont motivés, impatients, surexcités! A 23h59 commence le décompte, l'adrénaline monte et votre cœur commence à battre la chamade. A minuit pile: la foule explose, Tambours majors et musiciens font leur entrée suivis des premières lignes en se frayant un chemin tant bien que mal pour rejoindre le kiosque placé au centre. Fifres et tambours résonnent, ça y est, le chahut de minuit prend forme et va battre son plein pendant une heure!

Les bals se déroulent toujours ainsi: chahut de minuit pendant une heure terminé par l'hymne à Cô Pinard et la Cantate à Jean Bart; ensuite place à l'orchestre de variété pour vous faire danser, et toute la nuit vont ainsi alterner les séquences de carnaval et de variété. De quoi contenter tous les goûts! D'ailleurs, dans la plupart des bals au moins deux voire plusieurs salles sont ouvertes, avec des ambiances différentes.

Parmi les bals très courus, il faut également citer "la Nuit des Optimistes", organisée par les Optimistes. Il se déroule à la salle de La Poudrière, à Leffrinckoucke. Plus petite que le Kursaal, le bal n'en ai pas moins bondé, et l'ambiance survoltée!

Enfin, je ne peux terminer ce paragraphe sans évoquer le "bal du Printemps", organisé au Kursaal par les Snustreraer. Celui-ci, c'est le dernier de la saison! Alors forcément, il est lui aussi emprunt d'une certaine émotion... et toujours très très beau, avec une belle logistique et un beau décor.
Un petit secret rien que pour vous: c'est aussi le bal où j'ai rencontré Chérichou, alors... il occupe une place particulière dans mon cœur!

Prêts à venir danser? Courrez vite acheter vos places! En plus c'est pour la bonne cause: tous les bénéfices sont reversés à des asso caritatives ;)

Sinon vous pouvez également passer votre nuit à faire la fête dans les cafés le long de la digue... ambiance garantie, là aussi!

Photos: Oups... I did it myself!

Et voilà, à présent vous savez tout! Viendrez-vous nous retrouver pour faire la fête avec nous?? C'est l'occasion où jamais, car ce week-end commencent "les 3 joyeuses" (en 2017: les 26, 27 et 28 février)!! Eh oui: dimanche la fameuse bande de Dunkerque, puis on enchaîne lundi avec la bande de la Citadelle (le quartier portuaire), pour terminer en beauté mardi par la bande de Rosendaël! Cette dernière se déroule toujours le jour du mardi gras, c'est avec ce point de repère que l'ensemble du calendrier du carnaval est fixé.

Sans oublier les bals bien sûr: samedi soir on commence par "la nuit de l'oncle cô" organisée par les P'tits Louis, puis dimanche soir après la bande de Dunkerque on se retrouve au "bal des Acharnés", organisé par les Acharnés. Quelle santé, n'est-ce pas?!! On se reposera le mercredi des cendres... (bon OK j'avoue... j'ai carrément posé ma semaine en congés pour me remettre... c'est "qu'on n'a plus 20 ans", bonnes gens!).

Quant à elle, la bande de Malo arrivera bien vite le dimanche suivant! Retrouvez les dates principales du carnaval ici, ou le calendrier complet ici, ou encore ici.

Ne manquez surtout pas le dernier article de notre trilogie carnavalesque à venir cette semaine: costumes, accessoires et maquillage, on va se faire tout beau, beau, beau!!!

En attendant, n'hésitez pas à nous parler de vos expériences carnavalesques en nous laissant vos commentaires!!

Un spécial merci à Marco Photos ;) n'hésitez pas à consulter sa page Facebook pour plein d'autres belles photos!


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Le 1er article de notre trilogie carnavalesque: esprit et histoire du carnaval
Notre 3ème article: comment se déguiser pour le carnaval de Dunkerque

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